ONZE jours après le passage de Jeanne Corbet à la Maison-Blanche, son mari reçut dans une enveloppe, sur laquelle il reconnut l’écriture de sa femme, deux fragments de papier découpés aux ciseaux. Il y lut ceci :
Dans quelques minutes je vais partir vers Roland et je ne te reverrai jamais plus.
… te dire ma reconnaissance et mon amour, Jeanne.
Le 22 juin 1972, alors que l’éminent cardiologue se promenait dans son jardin de la rue de Varenne, après avoir pris son petit déjeuner, il fut terrassé par une crise cardiaque et tomba en murmurant « Mon Dieu… ». Ce fut le jardinier qui le trouva une heure plus tard. Il avait succombé. Il allait avoir soixante-quatorze ans.
Nicolas, le fils de Paul et de Jeanne, est marié, et sa femme est enceinte.
Nicolas est médecin, sa femme, Suzanne, aussi. Il est interne à l’hôpital Broussais et prépare l’agrégation. Il n’a pas le génie de son père et il n’aura plus son appui. Mais il est aussi obstiné que sa mère. Il croit que celle-ci est morte aux États-Unis d’une hémorragie intestinale. Un certificat de décès et une urne de cendres sont arrivés de Wilmington, près de Philadelphie, en juillet 72.